Une sorte d'anniversaire

Voilà un an jour pour jour que j'ai découvert l'existence de Madame Noire ; une découverte qui allait faire naître quelques jours plus tard ce blog que j'ai tant chéri.
Une terrible découverte !

Madame Noire, vous l'aurez compris, c'est presque moi, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.
Mais elle est née bien avant que je ne le sache.
Elle se terrait dans les confins de la bloggosphère, jetée en pâture sur la toile, racontée dans son intimité à des anonymes, peut-être même diffamée. Je n'ai jamais su ce qui se disait sur elle. C'est probablement mieux ainsi. Mais au moins aurais-je pu apprendre ce qu'elle représentait vraiment aux yeux de son créateur, qui j'étais vraiment pour lui.
Une amie a dit non loin d'ici que les gens étaient vraiment eux-mêmes dans l'anonymat de leurs récits bloggesques, qu'ils étaient plus sincères dans leurs sentiments que face aux personnes à qui ils aimeraient les exprimer. Elle a peut-être raison. Mais aurait-il été utile de fouiller dans les tréfonds torturés de l'âme de l'autre et ne vaut-il mieux pas croire en ses actes et paroles, avec toute la réserve nécessaire imposée par la lucidité ?
Qu'aurais-je appris de plus si j'avais pu tout lire ?
Pourtant, j'aurais aimé être sûre, à cette époque. En la débusquant, j'aurais voulu tout savoir sur Madame Noire !
Mais je n'en ai pas eu le loisir. Il était trop tard lorsque je l'ai découverte ; elle avait disparu, ne laissant derrière elle que quelques traces éparses de son brève passage sur la planète virtuelle. Elle avait cessé d'exister depuis longtemps en même temps que celui qui lui avait donné vie. Il faut dire qu'elle s'était faite discrète sur la fin et s'était eclipsée petit à petit derrière une autre, ne faisant plus que de brèves apparitions pour encore n'être que racontée, telle une image imaginaire, un léger souvenir.
Madame Noire était ma face à jamais cachée, ignorée par moi seule, celle que j'étais pour lui, mon auteur, ainsi que pour elle et pour tous ceux qui l'ont lu.
J'ai entraperçu un reflet mort-né de moi-même.
Oh oui Madame Noire, tu a été mon plus grand questionnement : sommes-nous seulement et avant tout ce que les autres pensent et perçoivent de nous ? Est-il bon de chercher à découvrir ce que l'autre cache précieusement dans les méandres de ses pensées ?

Alors, j'ai adopté ce nom.
Je l'ai endossé, comme pour l'apprivoiser.
Je l'ai épousé pour me réaproprier la vie qu'on m'avait violée.
Je l'ai fait mien car j'ai compris que les noms qu'on me donne en cachette ont bien peu de poids face à celui par lequel on m'appelle.
Et j'ai commencé à raconter au monde qui est Madame Noire, qui je suis vraiment, MOI !!!


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