Dites-moi quand je vais mourir et je vous dirai qui je suis

Que feriez-vous s'il ne vous restait que 60 minutes à vivre ?

Selon une étude menée auprès de la population britannique sur ce qu'ils feraient si la terre devait être détruite par un astéroïde dans l'heure qui suit (source : LCI), la majorité des gens (54%) affirment qu'ils souhaiteraient passer ce moment en compagnie de ceux qu'ils aiment ou du moins les avoir au téléphone.
13% se contenteraient du plaisir de boire du Champagne tranquillement.
Seuls 9% voudraient avoir des relations sexuelles, 3% prieraient et 2% aimeraient manger des aliments gras.
Surprenant, 2 autres % avouent qu'ils pilleraient des magasins.

C'est sûr, en une heure, on n'a pas trop le temps de chercher de midi à 14 heures. On va à l'essentiel pour vivre ses derniers instants.
J'imagine que je voudrais aussi être près de mes proches, leur dire à quel point je les aime.
Une absence toutefois me ferait jusqu'au bout souffrir. Celui que j'aime aurait choisi d'être avec les personnes qu'il aime ! L'ironie continue aux portes de la mort...
Même si je ne peux savoir avec précision quel pourrait être mon état d'esprit dans une telle situation, je doute fort que j'aie une quelconque envie d'avoir un rapport sexuel. Pourquoi perdre ce temps précieux ? Et encore moins de cambrioler des boutiques. A quoi pourrait me servir le butin ?

Maintenant, si on suppose que la fin du monde interviendra dans une semaine, qu'en serait-il de nos envies ?
Pour ma part, avec ce délai supplémentaire, je crois que j'en profiterais pour faire un peu tout ce qui m'est interdit : rouler à 200 km/heure, tester toutes les drogues du marché, faire un casse dans une banque, tuer quelqu'un, etc... Étonnant, non ? quand je sais que ce sont des choses qui ne me tentent pas !
Et bien sûr, dans les dernières heures, baiser, boire, manger et retrouver les miens (mais ça, je le fais déjà !).

Imaginons que cette échéance soit allongée à un mois, sans pour autant que le monde ne sombre dans le chaos, que se passerait-il dans nos têtes ?
En un mois, on a le temps de s'organiser et d'anticiper afin de rendre sa mort plus douce. C'est ce que je ferais, il me semble.
Je crois que je m'arrangerais pour que les 30 derniers jours soient les plus beaux de ma vie et de celle de ma famille, pour réaliser nos rêves ; pour devenir quelqu'un de meilleur, de sincère ; pour expier mes fautes, pour avouer mes vrais sentiments et me révéler vraiment au monde.

Mais si on devait tous mourir dans un an ?
Ah là cela devient plus compliqué, non ?
Est-ce que l'on continuerait à aller bosser comme des crétins, du moins dans les premiers mois ? Est-ce que l'on persisterait à mentir, à tromper, à aimer la même personne, à payer ses factures, à épargner, à partir en vacances ?

Et si c'était pour dans 10 ans ?
Est-ce que l'on continuerait à se marier, à vouloir des enfants ?
Est-ce que notre carrière serait aussi importante ? Est-ce que l'argent ferait toujours le bonheur ? Il faut tout de même pouvoir continuer à vivre pendant tout ce temps !
N'aurions-nous pas envie de remettre en question notre vie et de tenter enfin ce qui nous attire et que nous n'osons pas faire par manque de courage ?
En 10 ans, n'a-t-on pas le sentiment à la fois qu'il faut se dépêcher de refaire sa vie et d'avoir suffisamment de temps pour en profiter ?
Non ?

Mais si la fin était dans 50 ans ?

Vous, que feriez-vous ?
...

Alors, je me dis, est-ce ainsi ? :
Pour une heure, on aime.
Pour une semaine, on détruit.
Pour un mois, on planifie.
Pour un an, on hésite.
Pour 10 ans, on est tenté.
Au delà, on cesse de réfléchir.
...

Nos envies ne sont-elles pas liées au laps de temps qu'il nous reste à vivre ?
Nos décisions ne sont-elles pas prises en fonction de notre espoir d'être encore là dans longtemps ?
Notre besoin de "construire" et avec lui la peur du fameux "j'ai tout à perdre" n'est-il pas conditionné par notre longue espérance de vie ?
L'importance que nous attribuons aux choses que nous entreprenons ou aux sentiments que nous ressentons n'est-elle pas proportionnelle à l'idée de durée que nous leur donnons ?
L'espoir de disparaître vieux ne nous pousse-t-il pas à avoir une vie médiocre et à éluder la question fondamentale de nos vrais désirs ?
...

D'autres questions se posent à moi ?
Finalement, est-ce que le fait supposé de mourir tous en même temps influe-t-il plus sur nos désirs que celui de mourir seul ?

Et si la terre devait exploser dans 200 ans ? Que ferions-nous aujourd'hui pour elle ?
...

Oui, le temps influe sur nos comportements.
Qu'il nous en reste plein, on vit au ralenti.
Qu'il nous en reste peu, on court à l'essentiel.
Cela ne devrait-il pas être le contraire ?
(Pire encore, pour vivre longtemps, on cesse d'exister, volontairement).
Pourtant nul ne sait à quel moment sonnera pour lui le glas. Mais tous vivent comme si cela n'arrivera pas.
Alors que la seule certitude que nous ayons est bien celle que nous allons tous trépasser !

Donc, interrogez-vous sur ce que vous feriez si vous deviez mourir, vous saurez ce que vous devriez faire si vous deviez vivre !



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