Je déteste quand je ne suis pas gaie. J'en veux à la terre entière quand ça arrive.
Pourtant, la vie, c'est sérieux ; très très sérieux même, à écouter les gens.
Moi, personnellement, je la trouve dérisoire, ridicule, insignifiante.
Mais ce n'est pas pour cette raison que je suis exclue des secrets de famille ; ce n'est pas pour m'aider à préserver mon âme innocente. Non ! C'est parce qu'on me considère encore comme l'enfant révoltée que j'ai été et qu'on évite de provoquer ma colère. C'est dingue comme les parents refusent de voir qu'on a changé ! Je suis pour eux toujours cette gamine opposée à tous les codes.
En réalité, ils n'ont pas tout à fait tort ; je demeure celle qui faisait ses devoirs dans les escaliers alors qu'elle venait de recevoir un beau bureau. Sauf qu'aujourd'hui, je préfère rire que de me battre, avancer seule que de lutter contre des moulins à vent. Ils ne l'ont pas compris. Je le vis très bien. D'ailleurs, ça m'amuse.
Mais, parce que je suis devenue malgré tout et malgré moi une adulte, parfois (deux à trois fois dans l'année), comme ce soir, à des heures tardives et alcoolisées, on me fait des révélations.
Oui, la vie (des autres) est sérieuse. Et je n'aime pas.
Comment aimer, comment comprendre qu'un enfant puisse faire peur à ses parents, en les menaçant, en les insultant, en violentant sa sœur, en s'auto-détruisant ? Comment imaginer qu'une mère en arrive à mettre sa propre progéniture à la porte, se résolve à le livrer à la rue ?
Je connais le monde, sa décadence et sa souffrance. Et c'est pour cela que j'ai décidé de m'en détacher. Mais comment rire, d'un rire cynique, lorsque ses malheurs touchent des proches ?
Non, ce soir, je ne ris pas... et je n'aime pas, mais pas du tout !


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