Arrêt nié

Je hais les araignées.

Pourtant, j'en ai une énorme perchée là-haut.
Trop grosse, trop moche, trop agressive, trop loin pour oser une quelconque tentative d'éradication.
Alors, tranquillement, doucement, progressivement, sournoisement, elle a tissé sa toile.
Elle a élu domicile dans ce recoin vide où elle attend, immobile, comme endormie.
Mais lorsque, dans son efficace piège, s'abattent tristement les rares distractions qui se sont aventurées là par errance, naïveté ou désespoir, en croyant égayer cet air morne de leurs battements d'ailes, elle bondit pour les massacrer et les dévorer aussi sec. Son sommeil n'ayant de trêve que pour le sacrifice, elle ne leur laisse aucun répit, aucune chance, aucun mouvement salvateur.
Elle est devenue la reine d'un lieu déserté de toute espérance de vie. Elle a fait de mon plafond un caveau d'où j'observe, impuissante, sa danse macabre au milieu des carcasses en pleine décomposition, qui sont autant de souvenirs volés de joie et de liberté, vite disparus.

On s'habitue à tout, même au pire.
Je n'ai plus peur de son sinistre jeu de mort. Je me suis accommodée de sa présence silencieuse et funeste. Et même si elle me dégoute par moment, je la laisse envahir et anéantir l'espace vital.
A tel point qu'elle a pondu son hérédité morbide un peu plus bas dans mon intérieur. Sa progéniture poursuit désormais son œuvre de destruction et son règne despotique, dans mon lit.

Mais d'où est donc venu le mâle ?



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