Chirurgie caractérielle

Mister T déborde d'ingéniosité.
Je lui ai encore répété avant-hier qu'il devrait consigner par écrit ses théories. Mais comme il ne s'y résout pas, à mon grand désarroi, et que je ne sais que trop bien qu'il ne faut jamais compter sur la mémoire pour nous aider à retenir nos idées lumineuses tout au long de notre vie, je me suis dit que je pourrais très bien utiliser mon propre blog pour les archiver.
Et j'espère qu'il ne m'en voudra pas de rendre publiques ses trouvailles qui risquent par conséquent de se retrouver brevetées par des usurpateurs sans scrupule. Toutefois, et je tiens à le rassurer, ce risque est extrêmement limité dans la mesure où les rares et éphémères passants ne s'intéressent guère aux démarches intellectuelles.
Qu'il me pardonne d'avance de ne pas utiliser avec précision ses propres formulations et qu'il se manifeste si je déforme ou malforme ses recherches.

Donc, parmi ses inventions géniales dont je ne me souviens jamais exactement du nom qu'il leur donne, il y a ce que j'appellerai ici "la chirurgie caractérielle" ou au choix "la chirurgie de la personnalité".

Dans notre société superficielle qui a désigné la beauté comme étant le facteur essentiel à la réussite sociale et à l'épanouissement personnel, il est devenu moins contraignant d'embellir son corps par la chirurgie plastique que de faire des efforts sportifs épuisants, et plus facile de le modifier que de l'assumer tel qu'il est.
Puisqu'il est permis de changer son apparence selon ses envies et ses goûts, puisqu'on peut aujourd'hui gommer ses complexes liés à ses défauts physiques, puisqu'il est donné de rentrer dans la norme des canons esthétiques par un simple coup de bistouri, Mister T se dit qu'on devrait aussi avoir la possibilité de modifier sa personnalité et les comportements inhérents qui font défaut ou qui déplaisent ou qui nuisent à notre vie sociale, intellectuelle, professionnelle, intime, par une opération chirurgicale dans les zones du cerveau formant le caractère visé.
Bien sûr cette nouvelle profession devra posséder son code de déontologie afin d'autoriser la guérison de certaines déviances malsaines et de refuser les opérations dangereuses pour le patient et la société (j'imagine les risques liés à un changement trop radical ou aux désirs pervers tels que la soif de puissance, la force de conviction, le pouvoir de séduction, l'aptitude au mensonge, etc.).
Comme la chirurgie plastique, cette pratique aurait pour seul but l'amélioration de la condition humaine.
Elle permettrait par exemple de réaliser l'ablation de la lâcheté ou d'un trop grand narcissisme, d'améliorer la capacité de réflexion et de prise de décisions, de faire disparaître le besoin de possession, ou d'agir sur la zone de l'acceptation de soi.
Personnellement, je m'offrirai une liposuscion de la fainéantise, une réduction de l'empathie et une légère augmentation de l'ambition.

Mais bon, faut pas rêver. Mister T est un idéaliste.
Et malheureusement, pour que cette invention voit le jour, il faudrait que les gens se rendent compte de leur conne suffisance. Et ça, c'est pas gagné parce qu'il n'existe pas encore de technique pour les obliger à devenir intelligents !

Il n'y a jamais eu de reconnaissance pour les précurseurs...


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