Tout ce que vous ferez sera retenu contre vous

Donnez, chaque fois que vous le voyez, un petit quelque chose à votre clochard préféré ; celui qui traine à la sortie de votre station de métro et qui est tellement sympathique avec les chiens des vieilles dames.
La première fois, vous lirez dans ses yeux le bonheur de la surprise et toute la reconnaissance du monde.
Au bout d'un certain temps, ses remerciements chaleureux s'emprunteront de courtoisie puis de bienséance.
Un beau jour, passez devant lui en ne vous arrêtant pas, sans rien lui tendre.
Il ne comprendra pas et se convaincra que vous devez être soucieux, que vous êtes pressé, ou que vous avez simplement oublié.
Mais plus tard, en n'obtenant plus rien de vous, il finira par vous traiter de sale radin !


Nous ne gagnons rien à être aidants voire aimants avec nos congénères.
Aucune gloire, aucun respect, pas même une quelconque gratification, encore moi l'amour.
Les marques d'attention répétées, le soutien, la présence amicale et affectueuse, si agréables au début, tombent implacablement entre les griffes de l'habitude infâme.
En sombrant dans la normalité, la générosité devient un dû, qu'on ne vous remerciera pas, qu'on s'étonnera de ne plus trouver et qu'on n'hésitera pas à vous réclamer.
N'interrompez jamais cette merveilleuse continuité des actes attentionnés au risque de créer une incompréhension totale et de soulever une colère impitoyable, que de toute façon on vous reprochera parce que vous avez respectivement, par rapport à l'ordinaire, changé d'attitude et mal agi.
Mais surtout, ne vous plaignez jamais de ce manque de reconnaissance car, ne l'oubliez pas, non seulement on ne vous a rien demandé mais aussi on vous reprochera d'agir dans l'espoir d'un retour.

Continuez à être bienveillant, on vous méprisera.
Cessez de l'être, on vous détestera.


C'est la planète dans laquelle je (sur)vis !


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