Expédition métropolitaine : les 10 règles de survie
Mes camarades aiment à me taquiner en me qualifiant de "vraie parisienne".
Pour ces provinciaux tranquilles, cette définition sous-entend que je ne me déplace jamais sans ma voiture ... et que dès que je fais un pas, du haut de mes talons 10 cm, je suis épuisée et agacée.
A mon sens, cette vision est erronée car la plupart des Franciliens et plus particulièrement les Parisiens intra-muros, préfèrent user de la simplicité et la rapidité du métro, qu'ils vont chercher à pieds et après lequel ils vont même jusqu'à courir.
Je ne partage pas non plus leur préférence. A croire qu'il faille que je conteste tout !
Il est vrai que j'ai la chance de pouvoir me rendre à mon travail en voiture (pour combien de temps encore, je l'ignore, car ma demande officielle et solennelle d'une place de parking attitrée n'a toujours pas l'objet d'une réponse. Ce sujet de la plus haute importante doit probablement être soumis à décision auprès d'un Comité de Direction Générale ou d'une autre instance suprême ...).
En 3 ans, je n'ai pris le métro qu'en de très rares occasions (révision annuelle de titine, blocage des routes en raison du demi centimètre de neige tombé sur la Capitale, départ en vacances en train directement à la sortie du bureau ...).
C'est donc ravie qu'aujourd'hui, en me rendant sur mon lieu de formation (parking payant uniquement Grrrr) j'ai pu confirmer que les bouchons, parfois interminables, étaient beaucoup plus doux que le métro.
Et contrairement aux usagers avisés, je n'ai pas respecté les quelques règles indispensables pour survivre dans ce lieu hostile.
La coquette célibataire que je suis m'a immanquablement poussée à ne pas changer mes habitudes vestimentaires.
En vue de cette formation qui me promettait la présence exclusive de jeunes hommes, en raison de son thème, j'ai opté pour le très joli tailleur dernièrement acquis grâce aux soldes et dont la jupe est juste assez longue pour recouvrir la jarretière des bas, que j'ai assorti d'un chemisier (devinez quelle couleur) offrant un décolleté sobre mais néanmoins sexy. Le tout perché sur des Salomé à talons aiguilles évidemment.
C'est ainsi que je me suis aventurée, très sûre de moi, sur le chemin de ma station ...
Au bout de 2 minutes de marche, les 3kg de mon portable commençaient sérieusement à me tirer sur l'épaule. Le petit vent frais du matin à fait pleurer mes yeux et détruit mon brushing. Evidemment, il a commencé à pleuvoir (ouf, juste un peu).
Et, malgré mon retard, je ne pouvais pas trop accélérer le pas de peur de faire une glissade mais suffisamment pour que j'arrive sur le quai totalement essoufflée.
Je me suis enfin engouffrée dans le wagon, ou devrais-je dire dans le four. Je venais de me rendre compte que j'avais oublié la règle n°1 : ôter son manteau trop chaud avant de monter afin d'éviter les gouttelettes de sueur qui glissent le long du dos et qui font légèrement briller le visage !
Non seulement le fait de caler son manteau entre les lanières de son sac à main évite de trop transpirer mais il permet aussi de créer un espace (presque) vital devant vous, nécessaire pour ne pas avoir le nez collé à la chevelure non lavée d'une demoiselle ou pire à la chemise humide d'un grand monsieur (qui, lui, a pensé à retirer sa veste !).
Malheureusement, derrière, c'est une autre histoire. Je n'avais rien pour me tenir à l'écart de la partie médiane de l'homme qui se tenait derrière moi, probablement très gêné ; et j'ai finalement remercié ma petite tête d'avoir omis de retirer la seule protection qui la séparait de ma jupe.
Miraculeusement, j'avais pensé à la règle n°2 : Prendre un balladeur MP3 pour tenter de distraire votre attention, vous faire oublier qu'à cet instant précis vous faites partie de la race bovine, entassés dans une bétaillère et surtout ne pas entendre les grands chlouuuuups des baisers des deux amoureux post adolescents que le mauvais sort vous a octroyés comme voisins et qui sont scotchés l'un à l'autre comme s'il ne faisait pas assez chaud (je hais les couples !).
La règle n°3 consiste, autant que possible, à trouver le bon écartement pour les jambes qui vous assure l'équilibre suffisant en cas de freinage intempestif ou de virage trop raide. Celle-ci, je la connais par coeur, héhéhé ! Seulement voilà, mes deux jambes servant à bloquer la sacoche de mon ordinateur étaient un peu trop rapprochées. Dommage pour le pied droit de l'amoureux transi qui s'est reçu un gentil coup de talon (et toc !). Cette règle implique la règle n°4 de ne jamais s'encombrer de bagages lourds.
Au bout de 20 minutes de station débout agrippée à la barre, je commençais à regretter mes charentaises et le confort de ma voiture.
Puis un miracle s'est produit, entraînant la foule à l'extérieur.
J'allais enfin pouvoir m'asseoir et retirer mon manteau.
J'ai choisi pour la fin du trajet une place parmi les 4 fixes (pour ne pas être délogée), celle près de la vitre et dans le sens de la marche. Celle dont tout le monde rêve !
J'ai vite déchanté.
D'abord, en m'apercevant que les yeux pervers du type assis en face de moi étaient fixés sur mes cuisses que ma jupe et ma position assise avaient largement découvertes. Je venais de découvrir la règle du port obligatoire du pantalon (de plus, le contact avec le skaï des millions de fois souillé est désagréable au plus haut point).
Ensuite, parce que c'est précisément de cet endroit que s'échappe toute la chaleur, juste au niveau des chevilles. Règle n°6 : mettre de la crème anti jambes lourdes avant de quitter son domicile.
C'est à ce moment là, où je commençais malgré tout à me détendre un peu, que je me suis rendue compte que les opérateurs de téléphonie mobile avaient étendu leur réseau au monde souterrain m'obligeant à considérablement augmenter le volume de mes oreillettes pour couvrir les 3 conversations, très irritablement sonores, de pétasses non moins irritables.
Je me suis toutefois efforcée à rester la plus calme possible dans la perspective d'une éventuelle rencontre heureuse lors du séminaire. Je tentai donc de m'assoupir un peu malgré le braillement de la musique (qui m'a généreusement rendue hermétique à la misère de 5 SDF venus mendier).
Règle n°7 : si vous voulez dormir dans le métro, il est conseillé de poser votre tête contre la vitre ou la laisser pencher en avant. Si vous avez la fameuse idée de l'adosser à la barre métallique qui surplombe votre siège, attendez-vous à repartir avec une petite bosse. En effet, l'être humain reconnu pour son profond respect envers ses semblables et pour son empathie, a pris l'habitude pour reposer ses fesses de jeter tout son poids violemment sur le strapontin situé juste derrière vous. Ma bosse est semble-t-il proportionnelle aux 95kg de viande de ce charmant rappeur !
Règle n°8 : préférer les contes de Perrault à la littérature de Nietzsche ou de Cioran lors des déplacements en transports en commun.
Mon voyage est enfin arrivé à sa fin. J'ai finalement été heureuse de respirer le bon air extérieur.
Contrairement à mes craintes, je n'étais pas en retard. J'ai pu marcher tranquillement jusqu'au sublime hôtel qui m'accueillait pour ma formation et ainsi retrouver tous mes esprits et me concentrer sur mon objectif.
C'est souriante et pimpante que j'ai fait connaissance avec l'assemblée, parfaitement conforme à mes espoirs. Des hommes, jeunes, intelligents, bien habillés et très à l'écoute de mon humour.
J'avais retrouvé mon élément ...
... Jusqu'à l'heure du déjeuner et de la pause "repoudrage de nez" : tout mon maquillage avait coulé sur mes paupières et mes joues.
Règle n°9 : passer par la case toilettes directement après le métro avant tout contact avec la civilisation.
Règle n°10 : ne plus jamais prendre le métro !
PS : Bravo à tous ceux qui m'ont lue jusqu'au bout.
Pour ces provinciaux tranquilles, cette définition sous-entend que je ne me déplace jamais sans ma voiture ... et que dès que je fais un pas, du haut de mes talons 10 cm, je suis épuisée et agacée.
A mon sens, cette vision est erronée car la plupart des Franciliens et plus particulièrement les Parisiens intra-muros, préfèrent user de la simplicité et la rapidité du métro, qu'ils vont chercher à pieds et après lequel ils vont même jusqu'à courir.
Je ne partage pas non plus leur préférence. A croire qu'il faille que je conteste tout !
Il est vrai que j'ai la chance de pouvoir me rendre à mon travail en voiture (pour combien de temps encore, je l'ignore, car ma demande officielle et solennelle d'une place de parking attitrée n'a toujours pas l'objet d'une réponse. Ce sujet de la plus haute importante doit probablement être soumis à décision auprès d'un Comité de Direction Générale ou d'une autre instance suprême ...).
En 3 ans, je n'ai pris le métro qu'en de très rares occasions (révision annuelle de titine, blocage des routes en raison du demi centimètre de neige tombé sur la Capitale, départ en vacances en train directement à la sortie du bureau ...).
C'est donc ravie qu'aujourd'hui, en me rendant sur mon lieu de formation (parking payant uniquement Grrrr) j'ai pu confirmer que les bouchons, parfois interminables, étaient beaucoup plus doux que le métro.
Et contrairement aux usagers avisés, je n'ai pas respecté les quelques règles indispensables pour survivre dans ce lieu hostile.
La coquette célibataire que je suis m'a immanquablement poussée à ne pas changer mes habitudes vestimentaires.
En vue de cette formation qui me promettait la présence exclusive de jeunes hommes, en raison de son thème, j'ai opté pour le très joli tailleur dernièrement acquis grâce aux soldes et dont la jupe est juste assez longue pour recouvrir la jarretière des bas, que j'ai assorti d'un chemisier (devinez quelle couleur) offrant un décolleté sobre mais néanmoins sexy. Le tout perché sur des Salomé à talons aiguilles évidemment.
C'est ainsi que je me suis aventurée, très sûre de moi, sur le chemin de ma station ...
Au bout de 2 minutes de marche, les 3kg de mon portable commençaient sérieusement à me tirer sur l'épaule. Le petit vent frais du matin à fait pleurer mes yeux et détruit mon brushing. Evidemment, il a commencé à pleuvoir (ouf, juste un peu).
Et, malgré mon retard, je ne pouvais pas trop accélérer le pas de peur de faire une glissade mais suffisamment pour que j'arrive sur le quai totalement essoufflée.
Je me suis enfin engouffrée dans le wagon, ou devrais-je dire dans le four. Je venais de me rendre compte que j'avais oublié la règle n°1 : ôter son manteau trop chaud avant de monter afin d'éviter les gouttelettes de sueur qui glissent le long du dos et qui font légèrement briller le visage !
Non seulement le fait de caler son manteau entre les lanières de son sac à main évite de trop transpirer mais il permet aussi de créer un espace (presque) vital devant vous, nécessaire pour ne pas avoir le nez collé à la chevelure non lavée d'une demoiselle ou pire à la chemise humide d'un grand monsieur (qui, lui, a pensé à retirer sa veste !).
Malheureusement, derrière, c'est une autre histoire. Je n'avais rien pour me tenir à l'écart de la partie médiane de l'homme qui se tenait derrière moi, probablement très gêné ; et j'ai finalement remercié ma petite tête d'avoir omis de retirer la seule protection qui la séparait de ma jupe.
Miraculeusement, j'avais pensé à la règle n°2 : Prendre un balladeur MP3 pour tenter de distraire votre attention, vous faire oublier qu'à cet instant précis vous faites partie de la race bovine, entassés dans une bétaillère et surtout ne pas entendre les grands chlouuuuups des baisers des deux amoureux post adolescents que le mauvais sort vous a octroyés comme voisins et qui sont scotchés l'un à l'autre comme s'il ne faisait pas assez chaud (je hais les couples !).
La règle n°3 consiste, autant que possible, à trouver le bon écartement pour les jambes qui vous assure l'équilibre suffisant en cas de freinage intempestif ou de virage trop raide. Celle-ci, je la connais par coeur, héhéhé ! Seulement voilà, mes deux jambes servant à bloquer la sacoche de mon ordinateur étaient un peu trop rapprochées. Dommage pour le pied droit de l'amoureux transi qui s'est reçu un gentil coup de talon (et toc !). Cette règle implique la règle n°4 de ne jamais s'encombrer de bagages lourds.
Au bout de 20 minutes de station débout agrippée à la barre, je commençais à regretter mes charentaises et le confort de ma voiture.
Puis un miracle s'est produit, entraînant la foule à l'extérieur.
J'allais enfin pouvoir m'asseoir et retirer mon manteau.
J'ai choisi pour la fin du trajet une place parmi les 4 fixes (pour ne pas être délogée), celle près de la vitre et dans le sens de la marche. Celle dont tout le monde rêve !
J'ai vite déchanté.
D'abord, en m'apercevant que les yeux pervers du type assis en face de moi étaient fixés sur mes cuisses que ma jupe et ma position assise avaient largement découvertes. Je venais de découvrir la règle du port obligatoire du pantalon (de plus, le contact avec le skaï des millions de fois souillé est désagréable au plus haut point).
Ensuite, parce que c'est précisément de cet endroit que s'échappe toute la chaleur, juste au niveau des chevilles. Règle n°6 : mettre de la crème anti jambes lourdes avant de quitter son domicile.
C'est à ce moment là, où je commençais malgré tout à me détendre un peu, que je me suis rendue compte que les opérateurs de téléphonie mobile avaient étendu leur réseau au monde souterrain m'obligeant à considérablement augmenter le volume de mes oreillettes pour couvrir les 3 conversations, très irritablement sonores, de pétasses non moins irritables.
Je me suis toutefois efforcée à rester la plus calme possible dans la perspective d'une éventuelle rencontre heureuse lors du séminaire. Je tentai donc de m'assoupir un peu malgré le braillement de la musique (qui m'a généreusement rendue hermétique à la misère de 5 SDF venus mendier).
Règle n°7 : si vous voulez dormir dans le métro, il est conseillé de poser votre tête contre la vitre ou la laisser pencher en avant. Si vous avez la fameuse idée de l'adosser à la barre métallique qui surplombe votre siège, attendez-vous à repartir avec une petite bosse. En effet, l'être humain reconnu pour son profond respect envers ses semblables et pour son empathie, a pris l'habitude pour reposer ses fesses de jeter tout son poids violemment sur le strapontin situé juste derrière vous. Ma bosse est semble-t-il proportionnelle aux 95kg de viande de ce charmant rappeur !
Règle n°8 : préférer les contes de Perrault à la littérature de Nietzsche ou de Cioran lors des déplacements en transports en commun.
Mon voyage est enfin arrivé à sa fin. J'ai finalement été heureuse de respirer le bon air extérieur.
Contrairement à mes craintes, je n'étais pas en retard. J'ai pu marcher tranquillement jusqu'au sublime hôtel qui m'accueillait pour ma formation et ainsi retrouver tous mes esprits et me concentrer sur mon objectif.
C'est souriante et pimpante que j'ai fait connaissance avec l'assemblée, parfaitement conforme à mes espoirs. Des hommes, jeunes, intelligents, bien habillés et très à l'écoute de mon humour.
J'avais retrouvé mon élément ...
... Jusqu'à l'heure du déjeuner et de la pause "repoudrage de nez" : tout mon maquillage avait coulé sur mes paupières et mes joues.
Règle n°9 : passer par la case toilettes directement après le métro avant tout contact avec la civilisation.
Règle n°10 : ne plus jamais prendre le métro !
PS : Bravo à tous ceux qui m'ont lue jusqu'au bout.