14 Novembre 1903
Toi, qui me paraissais si grande, après de longues années d'impatience, j'ai fini par te dépasser en prenant à témoin le judas sur ta porte.
C'est dire comme tu étais petite !
Toi, qui me tenais la main pour dormir, je técoutais vivre près de moi en coupant ma respiration juste parce que j'avais déjà peur que tu me quittes.
C'est dire comme tu étais vieille !
Toi, qui m'as accueillie parmi les tiens comme ta propre petite fille, je t'ai toujours considérée comme étant bien plus que ma famille.
C'est dire comme tu étais bonne !
Toi, qui m'as élevée, éduquée et instruite sans jamais un seul signe de dépit, je suis fière d'avoir tout appris de toi.
C'est dire comme tu étais patiente !
Toi, qui souffrais en silence pour moi, je t'ai épargné mes petits tracas et gros bobos.
C'est dire comme tu étais aimante !
Toi, que j'ai négligée pour prendre mon envol et vivre ma vie de femme, tes pensées allaient toujours vers moi.
C'est dire comme tu étais aimable !
Toi, qui as traversé le siècle entier et qui a mis un pied dans le IIIé Millénaire, j'avais fini par rêver que tu étais éternelle.
C'est dire comme tu étais belle !
Pas un seul jour depuis que j'ai fêté mes deux mois ne s'est écoulé sans que je n'ai pensé à toi.
Et tu ne l'as jamais su ; du moins, je ne te l'ai jamais dit.
Tu aurais eu 103 ans aujourd'hui ...
Et tu me manques ;-(